Le constat en République Démocratique du Congo et en Afrique : un défi silencieux du vieillissement
Le continent africain connaît une transformation démographique profonde. Longtemps perçue comme le continent de la jeunesse, l’Afrique voit aujourd’hui sa population âgée croître à un rythme sans précédent. En République Démocratique du Congo (RDC), cette évolution est déjà palpable : la proportion des personnes âgées de plus de 60 ans atteindra près de 7 % d’ici 2030, selon les projections démographiques. Ce changement, souvent sous-estimé, pose de nouveaux défis sanitaires, sociaux et économiques auxquels il devient urgent de répondre.
1. Un vieillissement rapide de la population
Jusqu’à récemment, la question du vieillissement semblait lointaine en Afrique. Pourtant, les progrès de la médecine, l’amélioration relative des conditions de vie et la baisse de la mortalité infantile ont contribué à prolonger l’espérance de vie. En RDC, cette transition démographique s’accélère : des milliers de personnes franchissent chaque année le seuil de la vieillesse, souvent sans préparation ni accompagnement adaptés. Ce phénomène appelle une réflexion nationale sur les politiques publiques en matière de gériatrie et de protection sociale.
Une explosion des maladies chroniques non transmissibles
Avec l’avancée en âge, les maladies chroniques deviennent plus fréquentes. L’hypertension artérielle, le diabète, les cancers et les maladies cardiovasculaires connaissent une croissance alarmante. Cependant, le pays ne dispose pas encore d’une couverture sanitaire universelle capable de répondre efficacement à ces besoins complexes. Les structures de soins restent orientées vers les maladies infectieuses, laissant les pathologies liées au vieillissement dans l’ombre. Les personnes âgées se retrouvent ainsi dans une double vulnérabilité : celle de la maladie et celle de l’exclusion du système de santé.
Un manque criant de structures et de ressources spécialisées
La RDC, comme beaucoup de pays africains, souffre d’un déficit majeur en infrastructures gériatriques. Peu d’hôpitaux disposent de services dédiés aux soins des aînés, et la formation en gériatrie demeure quasi inexistante dans la majorité des institutions médicales. À cela s’ajoute l’absence de données fiables sur la situation sanitaire, économique et sociale des personnes âgées un vide statistique qui rend difficile toute planification ou évaluation des politiques publiques.
Le poids financier et social supporté par les familles
Faute de système de prise en charge institutionnel, ce sont les familles qui assument seules les coûts liés à la dépendance, aux traitements et à l’accompagnement quotidien des personnes âgées. Cette responsabilité, souvent exercée sans ressources suffisantes, fragilise davantage les ménages déjà confrontés à la précarité. De nombreuses familles s’appauvrissent en essayant de soigner leurs aînés, créant ainsi un cercle vicieux entre pauvreté et vieillissement.
Vers une réponse collective et solidaire
Ce constat appelle à une mobilisation collective. Le vieillissement n’est pas une fatalité, mais un enjeu de société qui doit être anticipé. Il nécessite une approche intégrée associant l’État, les professionnels de santé, les universités, les associations et les familles. Promouvoir la formation en gériatrie, développer des structures adaptées, collecter des données fiables, et mettre en place une protection sociale inclusive sont des priorités urgentes pour construire une société plus juste et respectueuse de ses aînés.